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RD CONGO: Comment Félix Tshisekedi a conquis sa légitimité ?

C’est sans surprise que Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est devenu le 5ème Président de la République Démocratique du Congo à l’issue d’une présidentielle arrachée au terme d’âpres négociations. Contesté par son ancien allié Martin Fayulu et la très puissante Eglise catholique, le nouveau Président a mis les bouchées double pour conquérir sa légitimité tant nationale qu’internationale.

Conciliant, réservé, humble, ouvert et diplomatique, il fallait l’être comme « Fatshi »  pour relever ce grand défi. Le chef de l’Etat a joué sur deux fronts  notamment sociopolitique et diplomatique pour rassurer d’une part le peuple congolais et une bonne frange de la classe politique, et  d’autre part la communauté internationale y compris ses pairs africains.

Sur le plan sociopolitique, Félix Antoine Tshisekedi a tempéré la contestation en s’attaquant d’abord aux dérives  tribalistes de ceux qui ont voulu s’accaparer de lui ou l’enfermer dans le carcan d’un Président tribal. Dès sa première sortie médiatique, le premier citoyen congolais a été on ne plus  clair : «  Je ne suis pas le Président des Baluba, ni d’une ethnie mais le Président de tous les Congolais ». Cette revendication nationaliste a rassuré  nombre de ceux qui craignaient voir Fatshi bâtir un empire luba au sommet de l’Etat.

A l’assaut des attentes sociales

En outre,  Félix Tshisekedi s’est montré très attentif aux problèmes des populations notamment les revendications des catégories professionnelles. Pour la première fois depuis les deux dernières décennies, on a vu le Chef de l’Etat être à l’écoute de son peuple, rétablir une veuve dans ses droits de propriété sur un immeuble dont elle a été déguerpie, et son Directeur de cabinet descendre dans la rue rencontrer des manifestants et récupérer leur mémorandum…

Cette attention doublée de promptitude dans la réaction aux cris de détresse de la base, ont fait changer d’avis et donné de l’espoir à beaucoup de congolais qui hésitaient  de faire confiance au nouveau patron de la République.

Champion de la bonne gouvernance

C’est sans conteste qu’il faille relever également que la lutte acharnée contre la corruption, ce mal suprême qui bloque le décollage de la RDC, fait du Président Félix Tshisekedi un champion de la bonne gouvernance.

De la révocation du ministre des Affaires Foncières et la suspension des dirigeants de la SCPT et de l’ARPTC à l’ouverture de l’information judiciaire contre les corrupteurs et corrompus  des élections sénatoriales, en passant par le remboursement du solde de ses frais de mission au trésor public, le nouveau Président congolais a tout pour charmer son peuple et les partenaires du développement fatigués de la megestion en RDC. Même si une épine lui est entrée dans son talon avec cette affaire de rétrocomission.

Toujours au volet politique, Félix Tshisekedi  s’est engagé sur la voie de la décrispation politique grâce à la mise en œuvre des dispositions de l’Accord du 31 décembre 2016 qui fâchaient jadis  le camp Kabila.  A cet effet, il a requis et obtenu la libération des prisonniers politiques emblématiques entre autres Diomi Ndongala, Franck Diongo, Firmin Yangambi, etc.

Les signes d’un Etat de droit

Cette grâce présidentielle en faveur des prisonniers politiques illustre bien combien le nouveau Président est déterminé à créer les conditions d’un Etat de droit où tout Congolais peut exercer ses libertés fondamentales dans le respect des lois de la République.  Pour la première fois en 20 ans temps, on a vu des kinois manifester jusqu’à prendre d’assaut le Palais du peuple sans s’entrer dedans avec les policiers.

«  Les temps ont vraiment changé », commentait un chauffeur de taxi en voyant les « wewa » (moto-taximen) s’enfoncer dans l’enceinte du Palais du Peuple sous le regard impuissant des policiers.  Ces partisans de l’UDPS contestaient la débâcle de leur parti aux élections sénatoriales à cause de la corruption de leurs députés provinciaux.

L’offensive diplomatique

Quand au volet diplomatique, le Président de la République a multiplié ses périples dans la sous-région pour convaincre ses pairs de la SADC et de la CIRGIL. « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années », dit-on. Félix Tshisekedi n’a pas beaucoup peiné pour se faire accepter par ses homologues africains dont la plupart  sont les amis de son père, le père de la démocratie congolaise.

Dans cette offensive, il a travaillé également avec de fins diplomates comme She Okitundu, Raymond Tshibanda, François Mwamba et  Vital Kamerhe afin de persuader les indécis et obtenir le soutien de l’Afrique.

Ce soutien s’est cristallisé par l’élection de Félix Tshisekedi  à la Vice-présidence de l’Union Africaine à quelques semaines seulement de sa prise des fonctions à Kinshasa.

Du côté de l’Occident, la méfiance a cédé la place à al confiance. Beaucoup de chefs d’Etat du monde avaient appelé de tous les vœux le changement et l’alternance pacifique en République démocratique du Congo. Le départ de Joseph Kabila et la défaite de son dauphin  à la présidentielle de décembre 2018 suffisaient déjà pour accorder la chance à son successeur  issu des entrailles de l’Opposition.

La Belgique, la France puis les Etats-Unis ont brisé le radicalisme et encouragent plutôt le nouveau Chef de l’Etat congolais à s’affranchir de l’emprise de son prédécesseur. Même son principal challengeur à l’élection, Martin Fayulu et ses pairs de Lamuka, soutenus par l’Eglise catholique dans le combat de la vérité des urnes se sont inscrits dans la même logique de ne pas combattre  Félix Tshisekedi.

« Je ne combats pas Félix Tshisekedi mais je manifeste contre le maintien de Joseph Kabila au pouvoir », avait lâché Martin Fayulu Madidi depuis Paris où il livrait un meeting.

Tout porte donc à croire que la question de légitimité du nouveau président appartient au passé. Le fait de s’inscrire dans la dynamique des attentes du peuple et du changement tant souhaité par tous règle  automatiquement cette question. Il reste que les deux chambres du parlement et les assemblées provinciales où siègent la majorité des élus du FCC, la plateforme du 1er Président honoraire  de la RDC, s’inscrivent dans la même logique.

Martinez NGYALUKA    

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