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Union Sacrée : les présages d’un Titanic !

Tshisekedistes, Kabilistes, Bahatistes, Katumbistes, Bembistes, Maï-Maï, anciens seigneurs de guerre, mobutistes ayant subi la transhumance politique… se bousculent tous au portillon de l’Union Sacrée, ce grand navire dont le capitaine en chef, le Président Félix Tshisekedi rêve sonner le glas de la corruption et engager la classe politique à améliorer les conditions de vie du Peuple congolais. Une ambition sans doute noble mais qui ne semble pas rimer, selon des analystes avisés, avec les ambitions et profils des adhérents. Quel avenir pour ce grand rassemblement politique? Analyse.

La mangeoire sacrée
Au temps le plus fort de la crise FCC-CACH, le Président de la République a lancé le 23 octobre 2020 les consultations des forces politiques et sociales « les plus représentatives » du pays. Puis vient le 6 décembre 2020 un discours présidentiel très applaudi, annonçant la rupture de la coalition FCC-CACH et la création d’une nouvelle coalition dite « Union Sacrée ». En quête d’une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale, Félix Tshisekedi a réussi à déboulonner le Bureau de la toute puissante Jeanine Mabunda, le verrou restant pour renverser le Gouvernement Ilunga et couper la sève aux dernières racines du Kabilisme.

Et depuis, les adhésions individuelles et en masses à la nouvelle coalition se poursuivent et l’Union Sacrée devient du coup un fourre-tout, la destination de tous les leaders politiques et sociaux même ceux aux idéologies les plus radicalement opposées. Ce qui fait redouter, dans l’opinion, l’éclatement dans un avenir proche, d’une guerre d’ambitions sans merci, laquelle pourrait couler le bateau.

Cette guerre est inévitable dans la mesure où l’engouement observé est une réponse à l’appel du Guide « Venez à moi, et mangez-en tous ! ». A la mangeoire, chacun voudra bien se servir et être servi, dès le premier partage. A ce sujet, les analystes indiquent que le Chef de l’Etat devrait penser au renouvellement des mandataires dans le Portefeuille de l’Etat et la diplomatie au même moment que dans le gouvernement, pour tenter de répondre aux ambitions de ses nouveaux partenaires.
Or, quand le partage des postes devient le leitmotiv des actions dans un regroupement politique, la vision et l’idéologie en souffrent. D’où la question de savoir si engouement actuel autour de Fatshi offre une garantie de succès ou d’échec à l’Union Sacrée telle conçue et voulue par son Initiateur.

L’ombre d’une blanchisserie ?
Au-delà de la bataille des postes qui se profile à l’horizon, la lutte de positionnement entre les caciques de première heure de l’UDPS et ceux qui rejoignent le navire à l’étape de la mangeoire sera âpre.

Et en pareilles circonstances, la prise des décisions deviendra très ardue pour l’Autorité morale et les fissures ne tarderont pas de miner l’Union Sacrée.

La pléthore des caciques et autres dinosaures en transhumance des régimes antérieurs va inéluctablement influencer le fonctionnement et la vision de l’Union Sacré parce que le rendement de toute équipe est fonction de ses joueurs. Encerclée, l’UDPS ne pourra donc pas imposer sa vision sans mécontenter.

Il sied de souligner, par ailleurs, que la lutte contre les antivaleurs notamment la corruption que mène le Chef de l’Etat ne manquera pas de frustrer ceux des adhérents aux mains sales, qui croient obtenir des certificats d’immunités à l’Union Sacrée. Ces fossoyeurs risquent de se mordre les doigts au cas où le président Félix Tshisekedi sélectionnait les futurs animateurs des institutions en tenant compte du critère de bonne moralité et de leur bilan, comme l’exigent déjà certains acteurs de la Société civile et l’intransigeante de l’UDPS, le parti présidentiel.
Face à cette réalité, le président de la République devra choisir entre octroyer des immunités pour contenter ses partenaires politiques de l’Union Sacrée et endiguer l’impunité pour améliorer les conditions de vie du peuple.

Horizon 2023
A moins d’être dupe pour ne pas y croire. Beaucoup d’observateurs pensent que le lancement de la nouvelle coalition est aussi, au-delà des discours, la stratégie de Félix Tshisekedi pour bien préparer les échéances électorales de 2023. La précipitation du FCC à se livrer en précampagne en faveur de Joseph Kabila et d’annoncer la candidature de ce dernier en 2023 a réveillé l’esprit du Président FATSHI.

A deux ans de son mandat made FCC-CACH, le camp Kabila ne l’a pas soutenu. Au contraire, le parcours a été parsemé d’embuches mais aussi des peaux de bananes lui jetées par ses alliés qui étaient visiblement déterminés à le liquider soit politiquement soit physiquement, selon des sources anonymes. Heureusement, l’héritier du Sphinx de Limete a bien vu la menace au point de stopper l’aventure.

Comment éviter le naufrage ?
Pour sortir des sentiers de Joseph Kabila qui ouvrait la mangeoire dans le seul but d’appâter ses adversaires politiques et prolonger ses mandats, il faudrait que le président Félix Tshisekedi sache comment imposer avant tout l’intérêt général sur les appétits gloutons et intérêts des caciques de sa nouvelle coalition. Sinon, il risque de passer le reste de son mandat à régler indéfiniment des querelles intestines.

La fin de la coalition FCC-CACH est certes une victoire d’une bataille mais pas de la guerre qui attend le Chef de l’Etat. Une guerre contre la profonde pauvreté qui mine les Congolais, à laquelle son prédécesseur n’a pas apporté de réponses adéquates en dépit d’immenses ressources que regorge le pays. L’amélioration des conditions de vie de la population en trois ans, reste l’élément déterminant pour espérer contrer un Martin Fayulu dont la popularité reste encore intacte.

Vaincre les élans tribalistes et tenir compte de l’équilibre territorial dans les différentes mises en place, galvaniser la lutte contre la corruption, restructurer la clé de répartition des richesses nationales pour réduire les inégalités salariales criantes et assurer l’équité et la justice distributive dans les budgets de l’Etat, promouvoir le développement rural et agricole, renvoyer la Monusco pour mettre fin à la guerre en RD Congo autant de points sur lesquels le Président doit appuyer l’accélérateur pour espérer survivre en 2023.
Martinez NGYALUKA

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