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Culture

L’opérateur culturel autochtone Emmanuel Bola conduit à sa dernière demeure au cimetière Nouvelle Cité de Kinkole

Portrait d’Emmanuel Bola Bobonda Bobonda

 Emmanuel Bola Bobonda opérateur culturel des Twa, Bambuti, Bambenga et Balumbe, Babuluku Pygmées, décédé le 30 avril 2021 à Kinshasa, des suites d’une crise, a été conduite en sa dernière demeure samedi au cimetière Nouvelle Cité de Kinkole, dans la commune de la Nsele.

Emmanuel Bola Bobonda, originaire du territoire de Bikoro  dans la province de l’Equateur  était le président   et fondateur de l’ONGD Union pour le développement des minorités Ekonda (UDEME) qu’il créa en 1989, avant d’être l’initiateur du Festival international  des peuples pygmées (FIPA).

Homme de paix et engagée pour l’intérêt général des autochtones, il a suivi plusieurs formations et a pris part à plusieurs ateliers dans le cadre de droits de l’homme et de l’environnement.

Auparavant, après s’être installé à Kinshasa, il avait rejoint le groupe musical traditionnel Bobongo dont il fut le président et qu’il avait conduit dans un périple en Europe et en Amérique où il avait défendu la culture des peuples autochtone en particulier et  reçu le trophée en qualité de l’ambassadeur de la musique  traditionnelle congolaise.

Emmanuel Bola Bobonda (milieu)

Selon les témoignages recueillis auprès de ceux qui l’ont côtoyé et vécu avec lui, lors des cérémonies funéraires à  l’hôpital  sino – congolais de N’Djili où la dépouille de l’illustre disparu était exposée, Emmanuel Bola Bobonda était un homme courageux, honnête, obéissant, intègre  et respectueux de ses engagements vis-à-vis des tiers.

Le coordonnateur de la Dynamique des peuples autochtones (DGPA), Patrick Saidia, a dans son mot  de circonstance, regretté le départ précipité dans l’au-delà d’Emmanuel Bola Bobonda avec lequel les peuples autochtones de la RDC s’étaient engagés dans un long processus de l’adoption de loi portant protection et promotion de ces peuples qui à ce jour,  se trouve en examen au Sénat avant sa promulgation par un décret du Président de la République.

Qu’à cela ne tienne, a- t- il dit, l’héritage laissé par cet homme, affectueusement surnommé « Ministre de la Culture », sera perpétué en vue de lui rendre hommage digne  pour avoir porté haut l’étendard de la culture congolaise notamment le Bokonda,  hors des frontières de la RDC.

Un collaborateur   toujours à l’écoute des messages relatifs à la conservation de la biodiversité, selon WWF- RDC

Vue d’une délégation du WWF aux obsèques d’Emmanuel Bola Bobonda

Dans sa lettre des condoléances adressées au Réseau des peuples des populations autochtone et locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers de la RDC (REPALEF), le directeur national du Fonds mondial pour la conservation de la nature (WWF- RDC), Martin Kabaluapa,  a témoigné que Emmanuel Bola Bobonda était un collaborateur apprécié, intègre et toujours à l’écoute  des messages  relatifs à la conservation de la biodiversité.

Le personnel de WWF, a- t- il ajouté, qui a eu le plaisir de travailler avec l’illustre disparu gardera un souvenir impérissable, enthousiaste et dynamique.

Un représentant des chefs traditionnels présents à ces obsèques a indiqué qu’Emmanuel Bola Bobonda a milité à travers son art pour l’émancipation de l’homme congolais, sans aucune discrimination, notant qu’il était un homme de bien, qui était en bon terme aussi bien avec les autochtones que les membres d’autres communautés notamment les chefs coutumiers qu’il a indistinctement égayé au travers de ses nombreux ballets traditionnels.

Icône de l’identité culturelle Twa pygmées

Pour sa part, la coordonnatrice de la Coalition des femmes leaders pour l’environnement et le développement durable (CFLEDD), Marie Dorothée Lisenga, a déploré la disparition brutale de cette icône de la défense de l’identité culturelle Twa pygmée qui, de son vivant, n’a cessé de prôner l’unité et l’amour, qui, selon elle, est le seul gage du développement de ces peuples tant marginalisés.

Peu avant sa mort, a-t-elle dit, cet opérateur culturel a lancé un appel, au cours d’une réunion le 30 avril dernier au siège du REPALEF à ses frères et sœurs à se souder et à pratiquer l’amour du prochain pour faire avancer toute entreprise de chaque membre de leur communauté. Cet appel était sans le savoir, selon Marie Dorothée Lisenga, un testament et dernières paroles qu’il a laissées aux siens.

Emmanuel Bola Bobonda, père de la polyphonie pygmée en RDC

Il repose désormais pour l’éternité

Pour sa part, le président de l’ONG « Organisation d’accompagnement et d’appuis des peuples autochtones en RDC (OSAPY) », Willy loyombo, a reconnu en la personne d’Emmanuel Bola comme étant le père de la polyphonie pygmée en RDC.

Il a donné l’impulsion à cette polyphonie et participé à plusieurs festivals au niveau international pour défendre la culture pygmée à travers la musique, le spectacle et la céramique.

« Il a mené un combat exceptionnel pour la reconnaissance des droits des pygmées en tant que peuples autochtones de la RDC. Il est allé même rencontrer le Président de la République, Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi, accompagné d’autres leaders autochtones pour lui demander de patronner un festival de polyphonie à Mbandaka et de prendre une ordonnance de création d’un Fonds national pour le développement des pygmées », a- t-il témoigné.

Emmanuel Bola Bobonda, a souligné Willy loyombo,  a mené un grand plaidoyer au moyen de la danse et de la polyphonie pour parvenir à l’adoption par l’Assemblée nationale de la RDC de la loi en faveur des peuples autochtones.

Il laisse derrière lui un héritage imposant qui permet à la postérité de maintenir le cap dans le combat pour la promotion des droits et de l’identité culturelle des peuples autochtones pygmées en RDC.

Constance Tekitila

 

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