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En voulant évincer Ngobila, Jean Kabund fait le lit de la coalition Kabila – Katumbi et se tire une balle dans le pied (Tribune)

Kingabwa, 15 Auguste 2021, au soir. Pour de nombreux Congolais, “adossés” aux réseaux sociaux, l’horizon est plutôt des plus sombres. Première image arrêtée : un jeune homme d’inspiration ô citoyenne arrangue la foule enthousiaste sur un ton à la fois plaintif et innocent. Sur une vidéo devenue virale depuis, il condamne l’UDPS et la critique sans commune mesure pour son tribalisme qui exaspère partout dans le pays, sauf dans les petits cercles fermés loubas. Amer. Partout au sein de sa nombreuse assistance, on acquiesce, parfois en rigolant comme des gosses. Mais lui, il est de marbre, sérieux, et même un peu stoïque et rationnel.

Autre tableau : ces dizaines de chauffeurs de taxis dont les pneus ont été crevés par Kabund, pour lui laisser libre le parcours, accusent-ils. Ils crient leur désarroi. Ils sont désespérés.

Second arrêt sur image : de simples prostituées qui ne peuvent plus pratiquer le plus vieux métier du monde. Elles accusent Félix Tshisekedi de ne point offrir des conditions sociales élémentaires pour accéder aux soins de santé. Elles en rient au lieu d’en pleurer. Là, les jeux sont faits, puisque le décor du mécontentement est planté pour 2023.

C’est sur ces entrefaits que s’invite à l’avant-scène Jean Marc Kabund, du haut de sa Vice-présidence de l’Assemblée nationale, pour agacer, non, exaspérer l’opinion, qui commençait à se remettre de sa tentative de détrôner Christophe Mboso du sommet de la représentation nationale pour, espérait-il, en prendre le gouvernail.

M. Kabund s’en est pris ces dernières heures au Gouverneur de la Ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka qu’il accuse on ne peut plus faussement de ne point assainir les principales artères de la mégalopole.

À la vérité, si on passe, de part en part, en revue les abords riverains du Boulevard Lumumba jusqu’aux confins de la N’sele, il n’en est rien. Les députés provinciaux qu’il a instrumentalisés ne verront rien des tas d’immondices fictifs pour lesquels il lève les armes contre Kinshasa.

J. M. Kabund est un piromane qui fait feu de tout bois. L’économie de sa bourde est ailleurs. Des barbouzes confient qu’en réalité, il veut ourdir un complot qui lui permettra à terme d’ouvrir la succession du Gouverneur Ngobila. A qui ? On ajoute toujours sur le ton de la confidence qu’il veut y amener un Kassaïen de souche. Ce qui se traduit par quelqu’un qui ne serait pas issu d’une ethnie périphérique de la région mais plutôt de la race des Bena mutwa wa mukuna ou alors des Bena tshibanda.

Un coordonnier m’explique au large de Kimbwala que le Vice-président, et je le cite, est soit envoûté par des esprits maléfiques. À moins que, dans l’alternative, son ‘ivresse du pouvoir déborde. Car, se plaint-il, ce n’ est pas le moment de gonfler à bloc la zizanie au sein de l’Union sacrée de nation de Félix Tshisekedi. Le cartel politique du Président est déjà à un jet de pierres de perdre la majorité à l’Assemblée nationale : la coalition Kabila-Katumbi est à 230 députés, qui coalisent, en quête de seulement 21 voix parlementaires pour renverser la majorité précaire de Félix Antoine Tshisekedi qui est loin de se donner une CENI républicaine.

D’ailleurs, mettre en place cette nouvelle centrale électorale est devenu un véritable casse-tête chinois… Comme si on attend le nouveau changement qui va renverser, c’est le mot, le nouveau rapport de force entre Kabila et Tshisekedi. Et c’est vraiment le moment, avec en corollaire son climat délétère, que choisit J. M. Kabund pour jouer la carte du retour de Kabila à nouveau aux commandes de l’institution parlementaire et naturellement du Gouvernement ! Il le pousse résolument à revenir sans coup férir, passez-moi l’expression.

Décidément, le Vice-président a les coudées trop trop franches. En isolant le chef de l’ Etat d’un allié éminemment stratégique que le Gouverneur de la capitale, M. Kabund prend devant l’Histoire une responsabilité énorme et grave.

Allez ! Prenons une calculette et à en même temps la pire des hypothèses : si Ngobila s’en va avec ses partisans députés nationaux, n’est-ce pas que le compte sera bon pour la coalition adverse qui aura les précieux 21 députés manquants et le sésame de la troisième majorité parlementaire de la législature corrompue ? Mais qui l’y pousse sinon Jean Marc Kabund, tout pétri d’amalgame et d’amateurisme politique ?

En effet, si le scénario apocalyptique évoqué supra se met en place, il faut des siècles à l’UDPS, appelons-le par son nom, pour revenir au pouvoir.

Alors, aux jeunes gens, qui m’ont ciré les souliers l’autre soir au large de Limete, de me souffler qu’en fait, en voulant faire tomber Ngobila, c’est Kabund wa Kabund en personne qui se renverse lui-même. Il se tire une balle dans le pied. Et c’est vrai que Tshisekedi va demeurer à sa place pendant deux ans tumultueux, conséquence de l’avènement d’une cohabitation qu’il redoute. Mais, lui, Kabund va tomber de son piédestal en se fracassant le nez. Presque gratuitement.

Et…ma foi, je ricane ! Saura-t-il, dans les jours qui viennent, regarder Jeanine Mabunda dans le blanc de l’œil, lui qui lui faisait un sacré pied-de-nez à l’une des sessions parlementaires précédentes ? Au moment où le G13, moins Patrick Muyaya, frappe à la porte du cartel des Kabila et Katumbi, les cireurs, voyant le Vice-président dans ses petits souliers, me posent une dernière question, alors que je leur tourne résolument le dos : Kabund wa Kabund, faut-il le plaindre ou le blâmer ?

Marie France Moja/CP

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