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POLITIQUE

GENTINY NGOBILA VICTIME D’UN SIMPLISME POLITIQUE CONFONDANT (Tribune d’un Mwana Kwango)

On ne saura plus nous persuader qu’il ne se passe rien ou pas grand chose à propos du fauteuil actuel de Gentiny Ngobila, le Gouverneur de la Ville de Kinshasa. A moins que l’on pèche par naïveté béate. Ceux qui ont une pratique politique hautement exercée savent renifler l’odeur du roussi. Le chef de l’administration urbaine est en train d’être évincé de son poste, sans façon ni sans pitié, à une poignée de mois des élections générales dans le pays. C’est quasiment une certitude dans les salons de ce que l’on appelle encore la ville haute. Partout on le susurre.

*_Pasteur affairiste et affairiste Pasteur ne font pas bonnet blanc ou l’inverse_*

Il y a à peine quelques mois, est partie du cabinet du Président de l’Assemblée Provinciale de Kinshasa une volée de bois vert : des correspondances enflammées lui sont envoyées pour entamer une série d’attaques en règle. Elles contiennent, officiellement, des critiques acerbes sur sa gestion. Mais en réalité, et c’est l’enveloppe, elles réclament le règlement d’un certain nombre de créances pour des tiers. Hélas ! On saura plus tard que les tiers existent peut-être. Seulement voilà : ils sont alliés à celui qui signe ces revendications. Sous d’autres cieux, on aurait dû et pu faire remarquer que l’on s’est trouvé devant un _délit d’initié_. Tellement il sautait et est apparu comme le nez au milieu du visage.

_Deux arbitres centraux pour un et un seul match_

Les députés provinciaux se sont invités dans la bagarre ou plutôt la guerre larvée. On connaît la suite.
Le Président limogé revient au galop par la petite porte qui donne sur la justice. La Cour d’appel de Kinshasa/Gombe s’est opposée à la sentence de la majorité des députés provinciaux comme si elle faisait claquer le clapet pour une nouvelle reprise de la partie. Et toujours cette justice qui s’est fait taper sur les doigts il y a seulement moins d’un mois !…
Le Président de la République a fait valoir récemment que c’est le secteur qui n’a pas marché tout au long de ce quinquennat finissant.

*_Nationalisme á qui mieux mieux ou tribalisme automatique : les fondamentaux de l’UDPS_*

On ne sait pas de quoi est faite la solidarité pro-Ngobila, hormis les députés provinciaux qui sans surprise n’accepteront peut-être pas que celui qu’ils ont détrôné du haut de son piédestal préside à nouveau aux destinées de leur parlement. Ne serait-ce que pour une seule session, la dernière et qui passerait pour une session trop longue.

De l’autre côté, la composition de la scène pro-Mpoyi est fort connue et partant ceux qui composent les lignes.

En avant-première, Kazadi, le ministre et vice-premier ministre de l’Intérieur a un maroquin en forme de tutelle de Ngobila. Vient celui qui avec le premier prend Ngobila en étau. C’est Gecoco, le vice-gouverneur de la Ville. Il est en embuscade et attend _façon renard_ que le fromage lui tombe dans la gueule. En appui, et faisant semblant d’observer de bien loin cette scène alors que c’est juste une feinte, vient Kabuya, le secrétaire général de l’UDPS, le parti présidentiel. Histoire de montrer que le Président a donné sa caution à cette guerre que mène une seule fibre sociologique. L’opinion le sait et le voit bien. Mais cette ‘opinion aguerrie ne veut pas montrer ses cartes pour le moment.

*NGOBILA ET L’ACP*

Seules donnes dominantes de la géopolitique du Congo Ouest_

Voilà à quelle sauce sera mangé Ngobila Mbaka qui est pourtant du même bord politique que le Président. Et on se rappelle que, en marge des tractations qui aboutiront à la création de l’Union Sacrée de la Nation, les deux hommes se sont passés le mot sous forme quasiment de serment. Pendant que les autres se sont rangés en ordre de bataille — même Mukuna le Pasteur n’est pas en reste — lui Ngobila n’a significativement que cet allié pour lui venir à la rescousse.

Car, des enjeux politiques hautement plus importants que la gestion dernière de Kinshasa appelleront bientôt le concours du leadership de la seule icône de l’ouest du pays… si on ne fait pas grand cas de l’octogénère.

La bataille électorale — et qu’on ne se leurre point — sera des plus rudes comme jamais auparavant.

Tenez ! Globalement, il ne viendra pas grand chose de ce qu’on appelle le grand Est. V. Kamerhe et Bahati L. sont des hommes de poigne, il est vrai. Mais les affres de la guerre, qui a fait perdre aux populations locales une bonne partie de leurs terres dans le Nord Kivu et l’Ituru, leur est restée en travers de la gorge. Ces leaders pourraient être entendus d’une seule oreille et pas de l’autre. Cette tendance pourra s’exfiltrer jusqu’à la Tshopo et même plus loin dans les Uélé.
En sus, l’autre me confie que l’idée d’un Dr Mukwege à la Présidence fait du chemin. C’est peu dire qu’à l’Est, très peu de candidats auront les cartes en main. Surtout, il est plus prudent de ne jurer de rien…à l’est. Du nord au sud !

Dans l’ex-Katanga, les électeurs ont bien un candidat du terroir. Ne marchandons pas des illusions. C’est qu’il damera le pion à tous les concurrents dans cette course.

Dans le Kasai, à première vue, c’est en territoire déjà conquis. C’est seulement a priori. A y regarder de près, les récriminations des populations, qui ont tout entendu sur les merveilles qu’on leur a miroitées, pourraient atténuer l’optimisme des fanatiques. En sus, la mort de Cherubin Okende est encore trop fraîche pour qu’on oublie que le Sankuru est en plein dans le Kasai qui n’a pu l’entourer de ses ailes salvatrices. Tout le monde connaît le jusqu’au-boutisme des peuplades du Sankuru.

Quant au Maniema, l’autre territoire conquis, n’a pas grand chose à donner à un candidat autre que le fils-maison. Ou, s’il est écarté parce qu’il est rattrapé constamment par les casseroles de sa mégestion, nul doute que les électeurs se trouveront un candidat par défaut et on sait lequel. Ou presque.

Reste l’ouest en réalité. Sur lequel le Président candidat devra compter au moment où les calculs se font des plus complexes. L’ouest sera encore longtemps le pays de Ngobila : sa prégnance va du Kongo Central jusqu’au Kwilu. A l’ex-Equateur, si Jean-Pierre Bemba n’est pas clairement partie prenante aux joutes électorales, il n’est pas facile de prédire l’horizon des événements.

Alors Kinshasa ? C’est important de passer la ville au crible. Kinshasa appartient à tous les Congolais. C’est la seule juridiction où tous les candidats s’entre-déchirent pour arracher un morceau de l’électorat. L’UDPS a pu y attirer des grappes de militants ces dernières années. Mais le Président les aura déjà en partage particulièrement avec son opposant personnel : Kabund wa Kabund est un candidat déclaré avant même de fonder sa formation politique _changementaliste_.

A Kinshasa, Ngobila part donc avec une longueur d’avance, qui lui donne les coudées franches. En remplissant récemment le _Stade des Martyrs_ de plus d’une centaine de milliers de partisans, il a montré les muscles à qui voulait bien les voir. Sa ville, il a su la doter des infrastructures routières. Et pas que. C’est une grande première même s’il ne l’a pas encore dit. Ces quartiers dortoirs, auxquels tous les Gouverneurs avant lui n’ont jamais pensé, se souviendront encore longtemps de ses bienfaits. Souvenirs qu’ils entretiennent jusqu’au réveillon des élections. Et plus encore.

Ainsi, limoger le Gouverneur Gentiny Ngobila alors que c’est trop tard, c’est _se faire hara kiri_, diront Japonais. Ou, si on lit bien l’éditorialiste du _Monde_, c’est ce qu’il appelle un simplisme politique confondant.

Kalala Pambelu Pankaji

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